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Beaujolais
La force du Beaujolais réside dans cette faculté à créer une myriade de vins différents à partir d’un cépage unique, le Gamay. Car ici, ce sont bien les vins rouges qui dominent. Ils sont généralement d’une belle couleur rouge, peu alcoolisés, frais et gourmands. Les 10 crus du Beaujolais nous offrent une formidable palette de vins qui feront changer d’avis nombre de sceptiques sur cette belle région !
Le vignoble du Beaujolais, au Sud de la Bourgogne, s’étend sur une fine bande de 55 kilomètres de long allant du Nord au Sud de Mâcon à Lyon. A travers ces paysages vallonnés, sur les contreforts du Massif Central, on découvre une terre riche en sols variés, souvent argileux et parfois calcaires au sud et plutôt sableux d’origine granitique au nord.
Sur les terres du Beaujolais, deux cépages règnent en maîtres : le Gamay en rouge et le Chardonnay en blanc. A quelques exceptions près, tous les vins sont élaborés à partir de ces deux variétés de raisin. Pour autant, tous les vins du Beaujolais ne se ressemblent pas. Grâce au travail des nombreux vignerons qui se partagent les presque 15 000 hectares de vignes, ainsi qu’à une classification en 12 appellations, les vins du Beaujolais possèdent des caractères différents et uniques et promettent des instants de dégustations mémorables.
Sur les 12 appellations du Beaujolais, on compte une appellation régionale, AOC Beaujolais, une appellation village, AOC Beaujolais Villages, et 10 crus : Brouilly, Côte de Brouilly, Fleurie, Chénas, Juliénas, Morgon, Moulin-à-Vent, Chiroubles, Saint-Amour et Régnié.
Certains noms du Beaujolais se distinguent depuis quelques années et font partie des moteurs de l’appellation, aidant au renouveau de cette région pendant longtemps trop malmenée par la réputation du Beaujolais Nouveau. La liste suivante, non-exhaustive bien sûr, cite quelques-uns de ces talentueux viticulteurs qui offrent une nouvelle vision des vins du Beaujolais : Marcel Lapierre, Château Thivin, Domaine Foillard, Château des Jacques, Dominique Piron, Daniel Bouland, Georges Duboeuf.
Si l’on connait très bien le cépage de la région bourguignonne voisine, le Pinot Noir, ici, c’est le Gamay qui domine. De son nom complet Gamay noir à jus blanc, c’est le seul cépage rouge autorisé. Pour l’anecdote, le Gamay était historiquement présent en Bourgogne avant d’en être banni en 1395 par Philippe le Hardi qui ordonne son arrachage sous le prétexte que ce «plant est mauvais et déloyal». Très (trop ?) productif, le Gamay a besoin d’être maîtrisé pour éviter de donner des vins trop dilués ou trop simples. Mais si les rendements sont limités, il peut alors être à l’origine de très beaux vins au caractère gourmand, frais et sans lourdeur, permettant d’ailleurs à certains crus du Beaujolais de garde de ressembler à certains de leurs voisins bourguignons.
Deuxième cépage présent en Beaujolais : le Chardonnay. Il est à l’origine des rares vins blancs produits dans la région. C’est l’un des cépages blancs les plus plantés au monde, et en France, on le connait particulièrement bien dans la région voisine, la Bourgogne, où il est à l’origine des plus grands vins blancs du monde. En Beaujolais, le Chardonnay dévoile de belles expressions. Les vins sont équilibrés et frais, sur la finesse et la rondeur.
Les vins du Beaujolais sont encore trop méconnus et leur image trop ternie par la réputation du Beaujolais Nouveau. Pourtant, les crus du Beaujolais sont des vins au très grand potentiel. Ils sont élégants, peu alcoolisés, fruités et souples. Ils se dégustent dans leur jeunesse, mais peuvent aussi être de grands vins de garde.
Lorsque l’on pense Beaujolais, on pense souvent à la région de Lyon. Normal, c’est là que se trouve la plupart des spécialités culinaires qui s’accordent parfaitement avec les vins de la région. Des plats conviviaux élaborés à partir de produits de qualité. Saucisson brioché, rosette de Lyon, pâté en croûte, quenelles lyonnaises, tablier de sapeur, cervelle de canut, Saint-Marcellin… Autant de possibilités pour créer des accords mets et vins harmonieux et pleins de goûts.
N’oublions pas cependant que chaque cru du Beaujolais possède ses particularités. Le Juliénas est un vin de caractère qu’il vaut mieux attendre quelques années, clairement taillé pour être dégusté à table sur des mets comme le tablier de sapeur, cette spécialité à base de gras double mariné au vin blanc puis pané.
Les Morgon, Moulin-à-Vent ou Chénas sont quant à eux des vins marqués par des notes de fruits rouges, de fleurs et d’épices, généralement charpentés et corsés. On leur associe un plat à base de volaille, pourquoi pas celle de Bresse, ou une belle pièce de viande rouge.
Plus légers et plus tendres, les crus Saint-Amour ou Fleurie se veulent plus gourmands et s’expriment bien avec de la charcuterie, des abats ou des viandes grillées.
Enfin, les Brouilly et Côte de Brouilly, plus robustes que leurs voisins, appellent une cuisine simple et généreuse. N’oublions pas les AOC Beaujolais et Beaujolais-Villages, vins de plaisir et de soif, souples et fruités, qui pourront accompagner le bon poulet rôti du dimanche voire même des plats à base de poisson pour changer un peu du vin blanc.
Ce qui fait l’une des particularités du Beaujolais, c’est sa méthode de vinification. En effet, beaucoup de vignerons de la région utilisent le procédé dit de « macération carbonique » pour vinifier leurs vins. La différence majeure de la macération carbonique avec la méthode « classique » réside dans l’utilisation de raisins non foulés.
Pour cela, il s’agit de faire fermenter les raisins égrappés mais non foulés en cuve fermée. Le poids des raisins provoque l’éclatement des baies de façon douce et progressive, dégageant leurs levures naturelles. Le dioxyde de carbone émis par cette fermentation tient le moût sous pression et évite l’oxydation de la couche supérieure. On procède ensuite à un soutirage et à un pressurage, puis on assemble les deux types de jus pour continuer la fermentation, généralement en cuves inox. L’élevage se poursuit ensuite en cuve ou en fûts jusqu’à la mise en bouteille en septembre de l’année suivante.
Cette méthode, dite « Beaujolaise » de macération carbonique permet d’obtenir des vins fruités, croquants et bien aromatiques. Les vins rouges possèdent une belle robe couleur rouge, et des notes de fruits rouges et noirs et d’épices.
En amont de la vinification, le travail à la vigne est très présent et important : ébourgeonnage, travaux en vert, vendanges… La plupart de ces étapes se font manuellement sur un vignoble très escarpé où la plupart des parcelles se trouvent sur des coteaux et rendent la mécanisation du travail impossible.